Rien n’égale la réalisation individuelle. Les communautés et les organisations rendent possibles les réalisations. La relation – savoir comment et pourquoi on peut ou pas compter sur les autres – est l’étoffe nécessaire de la possibilité. Elle fournit la base d’un large éventail d’actions novatrices.
La dimension de cette réalisation est égale à celle du soubassement relationnel. On construit un soubassement relationnel en se disant et écoutant les autres se dire. En se disant, vous suscitez le sentiment partage, la réciprocité dans les postures et les engagements.
Le fondement d’une telle relation a trait aux engagements partagés, notamment : « Je m’engage avec vous par rapport à vos engagements les vôtres, et vous vous engagez avec moi par rapport à mes engagements les miens. »
Toute relation avec quelqu’un à propos de quelque chose peut se détériorer. Rien ne vaut une relation qui ne se détériore pas. Il est important que nous fournissions une écoute et construisions des structures permettant de prendre en charge les pannes dans le soubassement relationnel
Une étroite base de relation, notamment comme avec un chauffeur de taxi ou d’un serveur dans un bar, ne permet que des actions limitées. Une vaste base de relation, notamment avec un partenaire dans les affaires ou un membre de la famille donne lieu à des demandes excessives ; quand des fautes sont commises, il n y a pas de perte d’affinité ou de confiance car l’engagement par rapport à une confiance permanente est déclarée.
Dans les conversations de relation, on crée une base de grande réalisation en s’exprimant en termes d’engagement, en répondant aux questions ci-dessous :
Sur quoi peut-on compter sur moi? (What can I be counted on to do or not do?)
Quels engagements avons-nous en commun? (What commitments do we have in common?)
Comment notre collaboration peut-elle vous faire avancer dans vos engagements? (How might our working together forward you in your commitments?)
L’écoute est un aspect important de la conversation de relation. Ecouter :
(Listening is an important aspect of conversation for relationship. Listening for:
Quels sont les engagements suscitant ce qui se dit?
(What are the commitments giving rise to what is being said?)
A quel niveau concordent-ils ou complètent-ils les miens?
(Where do they match or complement my own commitments?)
Comment pouvons-nous collaborer pour un bénéfice partagé?
(How can we work together for mutual benefit?)
Des signes annonciateurs de l’absence de conversations de relation incluent la restriction à la liberté d’exprimer des préoccupations ou de faire des requêtes ouvertes. Un autre signe annonciateur est le fait de décliner fréquemment les requêtes qui pourraient profiter à tous. On peut remarquer l’atmosphère générale de cynisme, de démission et de mécontentement. Le comportement sera incohérent, de contrôle et de défense.
A la source de toute réalisation se trouve d’abord la déclaration: « C’est possible ». bien que nous fassions constamment des déclarations à propos de ce qui est possible ou non, nous le faisons rarement avec responsabilité. Nous ne parlons pas en étant conscient que tout mot que nous sortons ou bien il propose des options pour l’action et crée un nouveau futur, ou bien il garantit le statu quo conforme à l’atmosphère de démission et de cynisme.
La manière dont nous créons un futur à partir duquel le passé de procure pas de possibilité, comme un éclairage pour que quelque chose arrive, consiste à ouvrir sa bouche et à déclarer un futur.
Une conversation de possibilité est une conversation pour le futur, découlant du futur, ayant pour fondement le futur et construite pour le futur, mais une conversation qui prend également en compte le passé. On peut utiliser des déclarations pour donner une base à la possibilité, mais le discours qui distingue une conversation de possibilité est celui de la déclaration.
Exemples de discours générant la possibilité:
Je dis qu’il est possible de … (I say it is possible to…)
Nous sommes capables de réaliser … (We are capable of achieving …)
Lors des réunions, les conversations de possibilité doivent être gérées de manière à éviter qu’elles finissent en discussions sur des opinions et des points de vue. Le guide suivant est utile pour faciliter les conversations de possibilité :
Aucune décision ou aucun engagement ne sera pris avant que la conversation de possibilité ne soit déclarée complète.
Il est sans danger de spéculer, émettre des idées brutes, et de proposer des options qui semblent impraticables
Il n’existe pas de discussion de possibilité tant que tout n’est pas présenté. La discussion relative à la mise en œuvre vient après, dans les conversations d’opportunité.
S’identifier en étant responsable des conversations non dites, des idées préconçues et des suppositions non fondées relatives au sujet posé.
Changer de conversations relatives à ce qui est juste ou faux. Les possibilités ne sont ni justes ni fausses. Toutes les possibilités sont valables au même degré
En général, on n’écoute pas le locuteur, on s’écoute soi-même en commentant ce qui se dit. C’est dans ce monologue qu’on fonde ses réponses.
L’objet de la conversation de clarification est pour la personne demandant la conversation de voir et d’apprécier le point de vue de l’autre. Quand elles sont rigoureusement menées, ces conversations apportent de la richesse au sujet en discussion qui n’aurait pas pu être obtenue à travers le diagnostic et l’évaluation. Cette conversation contourne les conversations non dites, notamment celle de la « recherche de la faille », du « avoir tort/avoir raison » et celle du « Je sais déjà que ». Les conversations de clarification démarrent avec « Je ne suis pas sûr… ». Quand on affirme qu’on n’est pas sûr de quelque chose cela pousse à la défensive et clôture le dialogue.
Quelques questions de clarification:
Que voulez-vous dire par …?
Quel but visez-vous quand vous dites?
Quelle preuve recherchez-vous?
Qu’allez-vous faire pour mesurer …?
Que s’est-il passé pour que vous concluez que …?
Il n’est pas nécessaire d’obtenir un accord dans la conversation de clarification, seulement une compréhension précise
Il y a clarification quand on voit qu’on est en désaccord.
Faire attention avec les questions promouvant les idées et solutions de l’interrogateur ; bien qu’elles soient utiles, elles ont tendance à susciter des controverses plutôt que la clarification.
Une conversation de clarification peut révéler des choses perdues, des possibilités de collaboration impensables et susciter un sentiment de réalisation.
Une conversation d’opportunité est réalisée par des actions appelées déclarations. Elle se distingue du domaine de conversation durant laquelle on actualise une possibilité. Le futur en tant que possibilité requiert une passerelle entre ce futur et l’actuel, et une conversation d’opportunité est une passerelle appropriée, comme « Comment faire… » et « que faire … » sont des passerelles appropriées entre un futur prévisible et l’actuel.
Pour transformer une possibilité en opportunité, on ne fait pas des déclarations de faits qu’on soutient avec des preuves, on fait des déclarations de possibilité qu’on soutient avec des preuves, une amalgame de déclarations et de suppositions. Quand on mêle les déclarations et les suppositions, on commence à tisser une preuve de la possibilité pour la validité de la possibilité, et non de prouver la possibilité, mais de valider la possibilité, donner un fondement à la possibilité et de renforcer la possibilité.
Ce qui donne corps à la conversation d’opportunité, sa raison d’être, est qu’elle fournit une ouverture à l’action et au pouvoir, la liberté d’être.
Une des choses qui arrivent dans une conversation d’opportunité est que « les raisons pour lesquelles cela ne peut se faire » sont abordées. On ne les rejette pas dans une conversation d’opportunité. On les prend et on les transforme en conversation de possibilité. On prend les postures « Oui, mais », « Et si… » et cela peut se faire, e cela pourra t-il renvoyer à ce que nous envisageons de faire ?
On ne pose pas la question : « Est-ce faisable ? ». On dit simplement : « Que préconisez-vous afin qu’on puisse y parvenir ? » dans un esprit de création de l’opportunité.
On a des conversations à propos des ressources, des plans. On se dit: « Quelles approches ou actions sont possibles pour aider à réaliser les objectifs du projet ? »
On aborde le projet à l’envers en définissant et en décrivant la finalité en matière de résultats allant au delà de la fin de l’activité. A quoi ressemble un projet quand il s’achève ? Ensuite, on le « retourne» en l’articulant ave les repères mesurables tout au long du chemin à emprunter pour évaluer e projet.
Les conversations d’opportunité transforment les possibilités n ouverture si puissantes que l’action devient irrésistible.
Conversations pour l’action
L’objet de la conversation pour l’action est la clarification et la certitude afin de savoir qui s’engage à faire quoi et quand. Les conversations pour l’action sont également des expériences d’apprentissage, et dans le dialogue les deux parties découvrent ce qu’elles n savaient pas qu’elles ne savaient pas.
Une conversation pour l’action est compose de ces types de discours et d’écoute qui sont actions, des distinctions appelées requête et promesse. Ce sont des actions ouvertes durant la conversation d’opportunité, ces actions débouchant sur la réalisation de la possibilité
Une requête et une promesse apportent un futur en tant que engagement. Dans une requête, in s’agit d’un futur ou de quelqu’un disant : « n’existe pas ». Dans la promesse comme dans la requête, on a un locuteur engagé, un auditeur engagé, un futur ou un « ce qui n’est pas », condition pour la satisfaction et le temps.
Les conversations pour l’action sont menées sous forme de:
Decliner
Accepter
Faire une contre proposition ou une autre requête
Promise to respond at a specific later time
Ecueils courants dans les conversations pour l’action:
Ne pas demander ce que l’on veut vraiment
Négliger de préciser qui et quand
Demander un changement de comportement plutôt que des actions spécifiques
Ne pas décliner quand on sait qu’on ne poursuivra pas l’activité
Pénaliser les autres en déclinant les requêtes et en révoquant les promesses
L’éducation et l’enrôlement jouent un rôle important dans la formulation de requêtes efficaces :
Parler en termes de la manière dont les requêtes renvoient à quelque chose auquel l’auditeur s’engage
Faire des déclarations à propos de la différence que l’action demandée va faire.
Changer la conversation pour faire faire à quelqu’un quelque chose (caractère conciliant) sur la base de l’engagement commun.
La clé réside dans la flexibilité dans le cadre de la réalisation de l’objectif visé, et non dans la tenue d’une position de quelqu’un dont la requête est satisfaite. On peut changer la requête en parlant avec cette personne et rester vraie dans ses objectifs visés.
Conversations de complétude
La complétude est différente de l’achèvement. Etre complet signifie être au niveau zéro. Quelque chose est complet quand il forme un tout, il est intégral et ne manque pas d’éléments.
La plupart des gens ne saisissent pas la distinction de la complétude mise en évidence par le fait qu’on n’apprécie pas souvent quelqu’un d’autre qui parle. Ecouter et apprécier quelqu’un c’est rendre complètes la communication et la conversation.
Ce sur quoi on bute, on y bute non pas parce que cela est arrive, mais parce qu’il n’est pas complet. « Complet » ne signifie pas « fini ». on « finit » souvent un projet et que beaucoup d’autres choses restent à faire, des leçons à apprendre. Etre complet par rapport à une communication, une réunion, un projet constitue un sacré devoir. Cela transforme la communication, la réunion et le projet d’une masse d’activités en une réalisation sur laquelle on peut construire le futur.
Les conversations de complétude permettent de lancer de nouvelles activités sur une base solide sans obstruction issues des évènements et projets antérieurs. Les conversations qui génèrent la complétude sont :
Le partage des idées
Les réflexions
Ce qui a été appris
Les excuses
Merci
L’expression des afflictions pour être complet
Sont particulièrement importantes et pour la plupart négligées, les conversations de réalisation et les conversations d’appréciation.
Conversations de réalisation
A la fin de chaque journée, quand on jette un coup d’oeil sur son agenda, met-on l’accent sur ce que l’on a fait ou sur ce que l’on n’a pas fait ? Une conversation de réalisation
Un résultat peut arriver en tant que réalisation, pas seulement en tant que résultat ou conséquence de l’action. Une réalisation est un résultat qui crée un nouveau futur. Le résultat d’un homme marchant sur la lune est arrivé comme réalisation d’une percée dans le cadre de la possibilité d’exploration de l’espace. Cela était simplement un résultat réalisé au terme d’un processus
L’homme sur la lune représente t-il un arrêt au terme d’un processus, ou un nouvel éclairage, un nouveau départ, une posture pour une nouvelle possibilité, notamment celle consistant à explorer l’espace ?
On ne sait pas la voie qui mène vers la réalisation. On se fraye un chemin entre la réalisation et son accomplissement.
Une conversation de réalisation est une source de satisfaction, de croissance, de développement et de confiance en soi. Elle permet d’être conscient des compétences centrales. Une conversation de réalisation est l’antidote de la démission qui engendre la conversation comme quoi rien (moi, mes actions, cette activité) font vraiment la différence.
Il est recommandé de terminer chaque réunion, chaque projet et chaque journée par des conversations de réalisation.
Conversations d’appréciation
L’appréciation est la reconnaissance ou l’avis favorable à un acte ou à une réalisation. Pour la plupart, nous sommes conscients que l’appréciation est importante, mais peu de personnes ont eu l’expérience d’être apprécié.
Les barrières de l’appréciation incluent la crainte d’être manipulé, ou le fait de devoir répéter ce pour lequel on a été apprécié. Ces obstacles à l’appréciation comprennent également la peur et le rejet.
Des personnes talentueuses souffrent de ce que Maslow appelle « le complexe de Jonah : la crainte de sa propre grandeur personnelle ». L’appréciation fait qu’on va au niveau supérieur d’expression de la grandeur de manière à honorer les potentiels en chacun d’entre nous, eux aussi.